atelier
Je te fiche mon billet (d’humeur) … que ce n’est pas si difficile d’écrire un billet d’humeur radio. Il ne sert à rien de se mettre une pression trop forte, ni même d’invoquer les esprits des maîtres du billet d’humour, les Morel, Morin, Aram, Ferroni, Rovelli, Carlier, Guillon, etc.. Restons-en au billet d’humeur.
Lors des ateliers weekend, nous réalisons régulièrement des billets d’humeur. Alors que la chronique nécessite un peu plus de préparation autour d’un sujet éditorial, avec le choix d’un angle, le billet est un travail sur la narration d’une histoire, un travail d’écriture qui débute par une matière que l’on connaît presque par choeur : soi-même.
Faire accoucher son esprit
Qu’elle soit bonne ou mauvaise, massacrante, joyeuse, chafouine ou badine, votre humeur ne s’échappe jamais, sachez donc la dompter. Lors de mes ateliers, je débute généralement avec chaque participant  un exercice proche de la maïeutique. Grâce à une une série de questions qui déclenchent la prise de parole, au début de manière plutôt anodine : Comment vas-tu? De quelle humeur es-tu? Y’a t-il eu dans ta journée, dans ta semaine, un événement heureux ou quelque chose qui t’a chagriné, énervé, amusé? Que ferais tu si tu n’étais pas là?
Devant nous, je pose une grande feuille de papier sur laquelle nous allons écrire quelques mots clés issus de la prise de parole. Durant cette phase, il ne faut rien s’interdire, approfondir un fait, un événement, une émotion, une idée jusqu’au bout, mais s’autoriser à bifurquer, prendre d’autres chemins, le plus important étant de noter au début de manière anarchique, puis de plus en plus organisée (par thèmes, moments, histoires, anecdotes) les mots sur la feuille. Au fil de cette prise de parole, on commence à faire des liens, des flèches entre les mots. Souvent, j’interviens pour provoquer une rupture, une ellipse, une analogie, parfois amener une digression ou un élément perturbateur qui sera utile lors de l’étape suivante.
Du je au jeu
L’exemple de Malika. Au départ tout va bien, mais il s’avère qu’elle est d’une humeur un peu énervée, faute d’avoir réussi à acheter des billets bon marché dans une agence pour ses prochaines vacances durant la période convoitée des fêtes de Noël. On creuse.
Cela t’a bien énervé cette affaire ? Tu rêvais de quelles vacances ? C’est quoi tes vacances idéales ? Pourquoi tu pars pendant les fêtes de Noel ? Il était sympa le gars de l’agence de voyage ? C’était quoi tes dernières vacances ? Cela s’est bien passé ? Si tu devais passer tes vacances ou ton weekend à 2h de Paris comme tout bon parisien, ce serait où? Tu fuis les fêtes de famille ?
La feuille blanche se remplit : Cap vert, kite surf, soleil, Maroc, Algérie, reproches, Noël, famille, scandale, voyage etc ..
Qui n’a pas déjà fais cette expérience de voir le prix de ses billets de vacances grimper ? Qui n’a va pas eu envie de sauter les fêtes de famille obligatoires ? Qui n’a jamais senti de regards sur soi un peu pesants ou insistants?
Malika tient les ingrédients de son histoire, mais l’en(je) devient maintenant de rendre ce “je” du récit de Malika, un “je” universel qui va toucher son auditoire, de construire son billet d’humeur, pour que chacun puisse se l’approprier.
Storytelling, es-tu là ?
Désormais, je demande à Malika de numéroter les mots écrits sur la page blanche. Nous arrivons à 18 items. Malika raconte son histoire en suivant l’ordre des numéros. Je lui demande ensuite d’en changer l’ordre, de ne pas commencer par “hier j’ai voulu acheter des billets..” mais de partir du plus générique, de ce qui parle à tous, et qui sera bientôt une actualité : Noël.
La chronologie change, mais l’histoire surtout. Je lui demande également d’identifier un des numéros, qui peut revenir à plusieurs reprises, comme un gimmick, et d’identifier quelle pourrait être la chute de l’histoire. Nous isolons le séjour en baie de Somme.
Désormais, on passe la rédaction. Malika suit le fil conducteur des numéros, avec en tête l’objectif de faire du “je” un “nous”, d’essayer dans son écriture de nous inclure, de nous solliciter dans son récit. De trouver ce ping pong entre son histoire de la notre. Après quelques retouches, elle se lance au micro.
C’était une première expérience de la radio pour Malika lors d’un atelier weekend. Sa voix n’est pas encore assurée, on travaillera par la suite sur son timbre, sa diction et ses intonations, mais écoutez son histoire. Pardon, son billet d’humeur!

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